Katsuni, star du X chez Ruquier

Il y a longtemps que je n’ai pas vu une star du porno sur un plateau télé. Je me souviens vaguement d’une rediffusion de Yasmine chez Cauet et chez les Grosses Têtes, et c’est tellement  vague que ce devait être au zapping car je ne les ai vraiment pas suivi.
En revanche, Katsuni chez Ruquier en ce début d’année, rediffusion des  meilleurs moments de 2009, je l’ai suivi avec grand intérêt !  C’est terrible, dès qu’une star du X arrive sur un plateau où se trouvent d’autres personnalités, on voit les petits sourires en coin pointer. On peut presque lire dans leurs pensées.  Je ne dis pas qu’ils la méprise mais, subsiste toujours ce petit sourire moqueur, celui là même que nombre d’homosexuels, quoi qu’on en dise, ont connu. C’est fatiguant de voir des personnes comme Franck Dubosc et Yann Moix (en promotion pour le film Cinéman) se comporter presque comme des puceaux, quelque peu gênés face à une professionnelle du cinéma pornographique, preuve que les mentalités n’ont pas changé. Dans tout les cas, j’ai entendu fuser des vannes de gamins attardés et non de matadors séducteurs.
Katsuni a beau dire que maintenant faire du porno est « accepté » dans la société, j’en doute, j’ai l’impression que les gens ont non seulement un problème avec cela, mais en sont encore à mal juger les personnes qui font parti de ce milieu. Et c’est sans compter cette sacro-sainte hypocrisie.
Le sexe fait partie de la vie, ensuite, oui, une « industrie » du sexe s’en sert (compte tenu des chiffres réalisés par la dite industrie il y a beaucoup beaucoup d’hypocrites), mais pourquoi en fait-on des « parias »,  spécifiquement les acteurs et actrices de cette industrie ?
Vraiment, je trouve dommage que des producteurs X pensent eux-mêmes que faire du X c’est se compromettre, c’est changer de vie, se « griller »,  accepter de faire quelque chose de borderline. C’est transgressif car c’est comme cela que l’on est censé le percevoir. Mais ! Ils devraient être les premiers à tenir le discours inverse histoire de contrer, justement le regard que pose la société sur ce monde, en fait un monde qui rend service je crois, d’une certaine manière. Le débat est laborieux car d’autres thématiques y sont rattachés. Certes.
L’être humain, pour se reproduire, a recours aux rapports sexuels, comme n’importe quel animal.
On aurait pu rester à cette fonction « animale ». L’avantage de l’être humain, c’est d’être doté d’un cerveau, pas toujours utilisé à bon escient d’ailleurs. La religion, bien évidemment, dans son approche pure et manichéenne, a prôner la fonction de perpétrer la race humaine avec tout ce qui en découle de règles et d’interdits. Ah, ces interdits des préceptes religieux qui mènent à la frustration, frustration qui mène, là pour le coup, à des actes non pas borderline mais déviants.
Le poids de la religion et de la culture est très lourd. Je suis allée au catéchisme petite. Imaginez le nombre de cerveaux d’enfants ;  naïf, perméable, influençable, à qui l’on raconte l’histoire d’Adam et Eve, de la pomme et du serpent. Hors catéchisme, a qui on explique notamment, que les garçons sortent des choux et les filles des roses ! Là oui, on a un peu avancé de ce côté-là, les enfants aujourd’hui sont moins niais, mais toute une génération y a cependant eu droit.
Ce serait tellement plus humain, et sain, d’expliquer dans des termes clairs, dénués d’ambigüité, voire de manière scientifique ce qu’est la procréation.
Nous sommes bridés, en découle une frustration malsaine. Croyez-le ou non, l’inverse de la frustration c’est l’épanouissement.
Sur ce plateau télé donc, l’on riait des remarques enfantins des uns et des autres pendant que Katsuni répondait aux questions de Ruquier. Bon, pour « minimiser » (minimiser quoi au juste), le porno français a recours à la parodie –  pour ceux que ça intéresserait la parodie de Cineman est réalisé par Max Antoine et s’intitule  Cinémax . Je ne parle même pas du carton « Bienvenu chez les chtites coquines » (réalisation Fabien Lafait).
Ce perpétuel besoin de repères. On allège donc le porno, on fait des comédies pornographiques, des titres à mourir de rire, sauf que, pardonnez-moi, un film X n’est pas une comédie au sens film comique. Et c’est ce que je leur reproche un peu. Enfin, je n’y adhère pas. Comme je n’adhère pas aux  titres à l’humour farfelu ou ceux, totalement obscènes. Tout les goûts sont dans la nature… Chacun voit midi à sa porte.  Débat laborieux j’avais dis !
Je préfère les titres sulfureux, suggestifs, sexys, en fait, l’idée même de scénarisation m’ennuie. Des schématisations, des clichés. Je n’aime pas non plus le gonzo (filmé en caméra subjective, technique où c’est l’acteur de la scène qui tient la caméra). Mais qu’est ce qu’elle aime au juste, Miss Owen ?
Ce que j’aimerais, surtout, c’est qu’on arrête de dénigrer les actrices X, qu’on cesse de les regarder avec ce fameux sourire moqueur (et, non, je suis pas une actrice X – sujet qui mérite un autre billet).
Un homme invite une femme à dîner. Ponctuel, costume propre,  zéros faux plis, parfumé, galant, prévenant, s’intéressant, attentionné, charmé et charmant, à l’écoute (sourire).
Pourquoi il l’invite à dîner au fait ? Et c’est une inconditionnelle du romantisme qui parle. Elle lui plaît, il a envie de la connaître, de passer un merveilleux moment inoubliable avec elle. On pourrait très bien s’arrêter au stade du dîner, j’imagine parfaitement le nombre incroyable d’hommes qui dîneraient ainsi de suite, sans qu’il n’y ait de passage à l’acte. Même dans les plus belles histoires d’amour,  le sexe reste ce qu’il est. Quelque chose d’animal. Autant le sexe sans amour est somme toute assez fréquent, a contrario, l’amour sans le sexe pose problème (cf. les consultations en sexologie et autre coach pour les couples). Message perso : il n’y a rien de plus beau que l’amour dans le sexe.
Le porno n’a rien inventé, s’inspire de la réalité, une réalité, parfois peut-être pire et surprenante, voire glauque pour certains, quand ce n’est pas tragique. Le porno influence –  on reproche, par exemple,  qu’à « l’ école du porno » on apprend des pratiques qui en fait « dénaturent » les relations intimes – imposant des modes comme l’éjaculation faciale, la sodomie, ce qui est déstabilisant pour certaines jeunes filles qui se voient « un peu contrainte » de faire plaisir à leurs petits amis (déjà, ne jamais se forcer pour faire plaisir au petit ami). Je n’y crois pas une seconde ! La sodomie… j’ai des témoignages de dames d’un certain âge qui y avait recours lorsque la contraception n’existait pas, des échos de jeunes filles devant rester vierge avant le mariage et qui… enfin vous voyez. Où est l’influence du porno là dedans ? Et ce ne sont pas des cas isolés ! L’éjaculation faciale ou la méthode du coït interrompu avec éjaculation sur une  partie du corps autre que le ventre en position allongée ou les fesses lors d’une levrette…
Le XXI e siècle a vu arriver l’apogée des sextoys ? Déjà,  les fouilles archéologiques ont démontré l’existence à l’époque préhistorique, de sculptures phalliques – je ne prétends pas que l’utilisation fut semblable à celle d’aujourd’hui (cours d’histoire de l’art à l’école du Louvre, que je recommande).
L’érotisme, le porn-art ? Le sexe faisant partie de la vie et l’art dans son ensemble, cherchant à l’interpréter, on y retrouve des œuvres à caractères érotiques et sexuelles, si ce n’est dans des œuvres majeures qui restent académiques, beaucoup d’artistes n’ont pas échappé à cet exercice. Les carnets érotiques de Rodin, vous connaissez ? Édifiant. Des femmes pratiquant l’onanisme (la masturbation) avec ou sans objet sexuels, des représentations de parties fines. Les hypocrites, encore eux,  s’extasient sur l’origine du monde de Courbet parce que c’est convenu.
Convenu donc acceptable .
Acceptable ? Accepter que des hommes et des femmes  aient des rapports sexuels  dans des productions cinématographiques très explicites, et qui en font un métier. Et surtout, arrêter de les juger pour ce qu’ils font.
De plus, ce ne sont pas les actrices qui les achète, les films en question…
Merci à ceux qui les respecte et les admire ! On ne parle jamais assez de ceux qui les considère comme des déesses du sexe…
Déité et sexualité…  cela mériterait l’expurgation !

Illustration : Gravure de Paul Avril illustrant l’édition de 1906 du Manuel d’Erotologie classique de Frédérich-Karl Forberg

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