Match mag : Envy vs Be

Le (faux) hasard a voulu que deux hebdomadaires féminins sortent des machines à presse ces temps ci.
A l’heure où on s’interroge de l’impact d’internet sur les magazines “papiers”, rien n’a entamé la volonté de ces deux sociétés de « média » de nous proposer une alternative aux magazines féminins.
Pourquoi ? Le choix semblant immense, peut-on partir du principe qu’à chaque magazine correspond un clan, relayé par une identité forte ? Étant abonnée à 3 magazines féminins sensiblement différents (la bourgeoise, la bobo-branchée… horreur, un ex trouve ce magazine bobo, moi pas, et l’adulescente futée). Je sais, assez cliché !
Évidemment, de temps à autre, je pioche dans les autres féminins, au gré des couvertures qui m’interpellent, mais cela reste rare.
Avant eux, Mondadori a sorti Grazia, féminissime, et la modeuse que je ne suis pas n’hésite pas une seconde dès qu’il y a des « spécial mode» en couv., spécial « it bag » « chaussures » « robes d’été », grazia (grâce), ragazza, grazioso, grazie ! Oui oui, je remercie Grazia et ses plans mode.
Époque oblige, avide de nouveautés – paradoxalement lectrices à fidéliser, curiosité à nourrir, sautons sur ces deux nouveaux opus.

Deux conceptions totalement différentes.

magazine envy et beVoyons déjà ce que cela donne côté définition dans le Cambridge Dictionnary :
Envy
(verb) : to wish that you had something that another person has
Be (verb) : to exist or live
D’un point de vue lexical, sûr, on préfèrera « exister ». Tiens, ceux qui ont déclaré la guerre à l’anglicisation de la langue française ont certainement avalé de travers en voyant ce parti pris pour la langue de la perfide Albion ! Trop tard… génération on ne peut plus anglo-friendly, sans compter les nouvelles technologies, que dis-je, la high-tech et le milieu de la mode – pardon, la fashion. Il y a peu, j’étais encore étonnée d’entendre parler de téléphone portable, le jour où toute la population aura un smartphone entre les mains, je ne lui donne pas 24 heures.

D’un point de vue rédactionnel….

Ah, les péchés capitaux ! Perso, je ne suis pas une envieuse. Après, certains autres péchés, je ne dis pas que… pour la gourmandise par exemple, indéniable !
Une définition plus développée précise qu’il s’agirait d’envier quelque chose ou quelqu’un (ses qualités, son succès).
La couverture que j’ai sous les yeux est explicite : focalisation totale sur les stars. Rien d’autre ! Pour l’aspect frissons, une petite « enquête » sur des voyous… mais attention tendance jet-setteur les loubards.
Et parce qu’on a envie de choses, deux sections bien clignotantes sur ce qu’on doit porter avec les pantalons et les robes bustiers en boosteurs d’allure. J’avoue (j’avoue beaucoup aujourd’hui), c’est pour cela que je l’ai acheté, pour les conseils vestimentaires, parce que très honnêtement, les titres sur les peoples, ok, c’est plaisant, mais ça ne change pas le cours d’une vie et je n’achète pas un magazine qui titre que GC ne s’entend pas avec AJ . Est-ce que de savoir qu’un sarouel se porte divinement avec un petit haut moulant change la vie ? Mille fois oui !!!!!!! Ne le cachons pas, pourquoi veut-on faire des régimes, pourquoi va-t-on faire du sport, pourquoi va-t-on chez l’esthéticienne, chez le coiffeur, chez la manucure, pourquoi achetons nous un parfum, un gloss, une paire de chaussures aux talons vertigineux, un masque défroissant, un bijou ?
Pour soi ? Avant tout oui, pour le plaisir que cela nous procure, par nécessité (liste non exhaustive), mais également parce que le regard des autres, le regard de l’autre, influe sur nos actions. Cessons de dire que tout cela est futile. Dans un pays où un enfant meurt de faim toutes les minutes, ce n’est pas futile, c’est indécent.
Dans nos sociétés dites « évoluées » où nous nous sommes crées d’innombrables besoins (utiles et futiles), où règne la recherche de plaisir et de loisir, où l’on cherche à s’affirmer et où paradoxalement les coachs – sportif, sexuel, mental, cuisine, déco… n’ont jamais été si sollicités, ce n’est pas si futile.
Envie de choses, oui, bien-sûr ! Envier les people ? Non, pas vraiment. L’effet cathartique de réaliser qu’ils sont de « simples » êtres humains ? Argument nullissime de la presse people. Là c’est du « ill will » pour en revenir à la définition du terme « envy », tiens BS a des cuisses bourrées de cellulite, ça me rassure, PA est limite très moche sans maquillage, ça me rassure, TW trompe sa femme, ça me rassure !!!! Mille fois non ! J’avoue, je ne pourrais pas expliquer pourquoi les gens sont accros à cette presse si particulière.
Envy joue un peu sur ce tableau, les légendes ironico-humoristiques en moins.

Vous voulez que je vous dise ? En partant de chez un ami, un voisin lui a déposé une petite pile de Oops et de Closer invendus (donc neufs, parce que je ne supporte pas de toucher un magazine qui a été trituré par des milliers de mains, on a tous nos tocs).
J’ai emprunté la pile et je dois dire que j’ai beaucoup ri, avec Oops. Cette moquerie gratuite envers les stars (surtout étrangères, en bon français chauvins, il y a certaines personnalités de l’hexagone qui sont épargnées), oui ça fait rire, non ce n’est pas salvateur ni cathartique !!!! Et je précise, ce qui m’a fait rire, ce n’est pas la personnalité moquée, mais bel et bien le magazine que je moque puisque je n’ai pu arrêté de penser qu’ils sont « infernaux » « too much » « oh ce ton qu’ils prennent » « ils ne sont pas possibles », etc… en aucun cas mes réflexions étaient tournées vers les stars victimes de leurs célébrités. Soi disant, elles seraient demandeuses, veulent qu’on parle d’elles, s’affichent, peut-être, notamment pour celles qui sont plus connues pour leurs frasques que pour leur talents, mais les autres, celles qui tentent de se cacher, je me dis « les pauvres ». En même temps, vivre caché me paraît insupportable. Les Brangelina chez le primeur dans le sud de la France, une famille comme une autre ! Sauf que, toutes les familles ne prennent pas un jet privé pour se déplacer d’un point à un autre sur cette planète, j’en conviens ! Une femme active ayant 4 enfants n’a certainement pas une batterie de nounous partout avec elle. Ok ! Pour finir, je préfère Oops à Closer tiens, et je n’ai lu aucun des articles… Au bout de 3 Oops, on a compris la trame, facile, repérable, rubriques bien repérables même sans être une habituée, ralentissement sur les pages modes, et il y en a, distrayant, tout au plus. Closer… la mise en page est chiante ! Je ne suis pas d’humeur à dire « ennuyeuse ».

La non-nouveauté, c’est scruter les tenues des stars et proposer la même chose, en plus abordable, ou pas. Et attention, ici on ne scrute que les looks des stars ou des défilés de mode.
Une presque nouveauté, les achats sur le net ont le droit à leur propre rubrique.
C’est vrai, quand, dans mes magazines « légendaires et classiques » auxquelles je suis abonnée, il y avait un article, voire une page tout au plus, sur les sites de shopping online, je jubilais presque.
Et dire que maintenant ça se démocratise… Un autre péché capital aurait voulu que j’aimais bien l’idée que ce soit plus ou moins secret, les adresses online, vous savez, cette impression de croire que vous faites partie d’un club d’initiées..

Alors qu’aujourd’hui, je vois partout en guise de références mes sites « chouchous », placardés dans les bons plans de la toile. Eh oui, après tout leurs objectifs est bien de se faire connaître. Et comme toute le monde, on grogne un peu à l’idée de savoir que nos marques fétiches ne le sont pas que pour nous.
Qu’à cela ne tienne, je suis sûre qu’il y a encore quelques boutiques online de niches !

Si vous voulez un mix people et mode, agrémenté d’une petite touche beauté-news-loisirs parce qu’une chic fille c’est une fille fashion et cultivée, Envy bien-sûr ! Et puis pourquoi envier les autres ? J’adore le gloss de chez Too Faced au nom évocateur « Envy me », parce que, en filigrane, c’est ça, non ? Ou on se rassure ? Enviez-moi, j’ai les dernières news et tendances avant tout le monde ! Tout le monde ? C’est pas le créneau de tous les mags féminins au juste… ?

Parenthèse constatation : j’aurais dû garder l’intégralité de ma garde-robe, de mes 12 ans à mes 20 ans. Parce que franchement, en dehors des périodes où on nous somme de jeter, tout ressort ! Je rêve ou j’aurais dû conserver : mes blousons en jean, mes robes à fleurs, mes salopettes, mes reebok Freestyle Hi, mes sandales en plastique, mes boots à semelle crantés, mes chemises en jean, mes chemises bucheron, mes hauts couleurs nude en fine dentelle et soie, mes father jacket (aujourd’hui boyfriend jacket), mes boléros, ma mini jupe marinière, mes mules-sabots en cuir talons en bois spécialement achetés chez un artisan en Bretagne quand j’avais 15 ans, mes bodys, mes collants plumetis, mes cardigans, mes vestes en velours, mes méduses translucides à talons, ne manque plus que la mode soit aux petits hauts smockés imprimés liberty…
Regrettable cette manie de n’avoir rien gardé… tournons nous vers le futur !

Be homonyme bee : abeille
La couv ? Les même couleurs flashy, du people et du psycho cette fois, avec toujours l’encart tendance mode.
Première page, buzz people tout de même ! Ensuite, présentation de bee-ettes ! Celles qui ont contribué à ce numéro, la rédac chef étant d’ailleurs une ancienne de Cosmo, et après on vient nous dire que les bees, c’est nous ! Là ce n’est plus envy me mais tempt me, nous sommes tentées de croire que c’est limite un magazine participatif où tout le monde y va de sa petite contribution ? Je dis oui, un petit peu.
Sur be.com peut-être, ce qui est le cas de pleins d’autres magazines féminins qui veulent évidemment faire de leurs lectrices leurs e-lectrices / contributrices, et vice versa.
Là, en première impression post-présentation, j’aime bien la V.I. Bee et la Gossip Bee… décidément.
Qu’on le comprenne, le magazine est indissociable du site be.com… celle là je la fait pour le plaisir : be.com ou become (devenir), ben oui, devenez une bee vous aussi, une abeille butineuse et curieuse, vous serez peut-être la prochaine dans le magazine. Vous pouvez même faire votre shopping en ligne, suite aux suggestions sur lesquelles vous auriez craqué dans les pages. Coup d’œil sur le sommaire… Be veut s’occuper de moi, à sa façon. Mode ? Cela va de soi, et pas qu’un peu. Le vêtement c’est la vie ! Phénomènes de société, news culturelles.
Be… tout… tout de suite… partout ! On air, on the the tv (émission sur June), je sens qu’ils mettent le paquet pour investir le terrain global media ! La grosse artillerie !
Un incontournable ? Le look des people au scalpel. Point de départ des shopping list !
A ce propos, le presque classique shopping en ligne, une rubrique à lui tout seul (tiens, tiens) s’intitule « Radar », vous savez « mon radar a repéré le dernier sac de chez … à shopper sur le site www.tactac.com».
La non-nouveauté (à laquelle n’a pas cédé son frère de compétition), le street style ou les passantes photographiées et étudiées à la loupe. Je ne vais pas vous présenter LE site The Sartorialist dont on s’inspire. Si ?
Mon verdict ? Be Yourself and Envy me, baby !
ps : je renouvelle mes abos… l’air de rien ! Fidélité quand tu nous tiens.

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